Merci
pour vos retours forts sympathiques, cela me fait plaisir et m'encourage à persévérer (diabolicum) 
.
Spotshica, ta question me pousse à réfléchir

à coment je procède, j'essaie donc d'y répondre. Toutefois, cela fait maintenant plus de 20 ans que je pratique, suffisamment pour avoir rodé quelques routines éprouvées, mais aussi pour me rendre compte que je n'ai pas grand talent.
-En amont, je regarde beaucoup de photos, dans des livres, sur internet,
en particulier ici où ce que vous montrez m'influence et m'inspire.
La pratique de 35mm-compact (et de summilux aussi ne soyons pas sectaire) m'a permis de voir et de commenter beaucoup de photos. Les commentaires sont forts importants pour moi, non seulement il permettent un échange mais il m'ont aussi égoïstement permis de m'entrainer à chercher dans ces photos ce qui me plait et ce qui en fait le style pour après quand je me promène avoir un regard actif.
Je dois citer
Yannick Toral alias punckrocker dont la manière de photographier m'a beaucoup influencé. Je pense que nous partageons comme double influence Cartier-Bresson pour la Géométrie mais aussi et surtout Depardon, le reporter des paysages.
Il n'est pas le seul, et vous êtes nombreux ici à me donner leçon tous les jours et j'apprends beaucoup de vous. Je ne vais citer personne car vous êtes nombreux et je m'en voudrais d'oublier quelqu'un, de plus j'apprends de tous.
Je crois que ma pratique de la photographie est guidée par un constat et une nécessité: je n'ai pas une bonne vue et ne suis donc pas naturellement observateur. La photographie est un moyen pour moi de m'obliger à regarder et à m'intéresser.
Je suis de formation scientifique et la géométrie fait partie de mon quotidien mais j'ai toujours eu un goût développé pour le langage écrit, l'argumentation, la narration.
L'aspect matériel est important. mes deux décennies de pratique m'ont permis après de multiples essais non encore terminés de découvrir les outils photographiques qui correspondent le mieux à ma manière de faire:
regarder, repérer un cadre et composer à l'intérieur en hiérarchisant des éléments ou des actions peu nombreuses.
Cela correspond à des focales entre 28 et 50mm avec principalement du 35 et du 50, le plus souvent en télémètrique et toujours avec des boitiers légers et faciles à transporter pour les avoir sur moi.
L'utilisation de focales fixes (maximum deux) m'oblige à tourner autour du sujet pour trouver la distance et la composition. Je renonce beaucoup et je pratique aussi beaucoup la "photos sans appareil", c'est-à-dire que je m'imagine les photos que je pourrais faire. Sans mitrailler, je ne suis pas non plus radin. J'ai besoin de m'échauffer
(C'est pourquoi le MF me convient assez peu au point que je me tâte à me séparer de mon super Ikonta qui pour l'instant ne reste que parce que c'est un appareil merveilleux revu par Mael et que j'y tiens beaucoup.)
- Ensuite, je me promène avec l'appareil avec l'idée qu'il faut que je trouve des photos à faire et une histoire à raconter.
Le fait d'être seul pour prendre les photos n'est pas primordial pour moi.
Ce qui l'est c'est d'être disponible à la photographie, il faut donc être accompagné de quelqu'un de compréhensif. Ainsi, ma pratique est incompatible avec la surveillance de bambins ou la discussion à bâtons rompus. Je pense aussi que même en étant accompagné, on peut et on doit prendre du temps pour soit, d'autant qu'en général une photo ne prend qu'une fraction de seconde. Vdragon76 a raison la photographie implique une pratique centrée d'abord sur nos propres émotions. Je m'aperçois en l'écrivant, que la photographie est importante de ce point de vue dans mon équilibre.
Je ressens la même chose quand je pratique la voile, sur un autre plan, moins réflexif et assurement plus physique.
Réaliser une série me demande parfois de retourner à de multiples reprises sur le terrain: c'est le cas dans mon travail sur Lorette qui a vu passer près de 20 ans de photos toujours recommencées. Le coeur de la série je l'ai réalisé seul en plein hiver en ayant pour objectif de la réaliser. Pour le coup, vu les allers-retours en voiture, la température et le crapahutage dans des paysages particuliers, je vois difficilement comment j'aurais pu faire cela autrement que seul.
Pour Barfleur, j'y suis allé trois fois en vacances, Sein une seule fois mais j'avais pratiqué Houat et Belle île avant en vacances également. Cela nécessite parfois de se renseigner en amont, en aval ou les deux. Je trouve que cela enrichit mes connaissances et plus que les images qui sont souvent décevantes, c'est là que je suis le mieux payé de retour.
D'une manière générale je trouve que je photographie mieux quand je connais déjà car cela me permet d’avoir un point de vue à partager.
Il y a aussi des séries qui s'incrivent dans mon quotidien, c'est le cas de mes photos au Crotoy, à Dunkerque et encore plus particulièrement ici à Abbeville qui est la ville où je travaille et dans laquelle je n'avais jamais pris de photos mais beaucoup observé.
Pour le making off de cette série, vous risquez d'être déçus. j'avais prévu d'aller nager à la sortie du travail mais ayant oublié mon sac je me suis décidé à remplacer cela par de la marche à pieds. Il y avait une belle lumière d'automne et je venais de recevoir une jolie boite à images dont je voulais tester la MAP rapprochée à PO. Je suis donc parti me promener le nez au vent en me demandant si j'arriverais à faire des images d'un lieu qui je dois bien le dire n'est pas à première vue très photogénique. Je pense que
la lumière a fait beaucoup comme toujours. le rendu de l'industar aussi.
c'est ma seconde pellicule au leica iii et j'ai pris 34 photos (en fait plus mais j'ai mal géré l'amorce).
La dernière partie, c'est l'édition: traiter les images développement et numérisation (niveau contraste, redressage, dépétouillage), les sélectionner pour raconter une histoire et rédiger un petit texte pour les présenter.
Ensuite corriger dix fois les vilaines fautes que je vois mal sur écran.
Voilà, vous savez tout.