9-9bis/11-19 [série complète]

[tilu]

@Lefredo. Je me souviens bien de tes images à Haillicourt à l'époque d'itisphoto, tu as beaucoup participé à mon apprentissage de la photo.

@Toulin, c'est tout à fait cela.

[KawaZ]

Manque plus que la photo du vestiaire, la salle des pendus ( sans le vouloir, assez symbolique leurs vies ne tenant qu'à un fil).

[Lefredo]

La salle des pendus, j'ai enfin celle de Lewarde.

[tilu]

10/23

9 de Oignies. Les registres manuscrits dans la guérite du conducteur d'ascenseur.

11/23

9 de Oignies. Armoires électriques de la machine d'extraction.

[tilu]

12/23

9 de Oignies. L'âme des lieux qui a tant oeuvré pour maintenir en état, restaurer et éviter la démolition et cela en refusant de se mettre en avant.

[vdragon76]

Ah ça.... Fascinant cette image!
Tout y est!

V.

[Jean-Claude.B]

Merci Tilu pour ce reportage. Je ne suis pas très présent en ce moment et je ne l'ai pas vu tout de suite.
J'avais visité une ancienne mine à Saint-Etienne, c'était la même ambiance.
Tout ce qui peut être fait pour préserver et faire connaître ce patrimoine et ce passé industriel est précieux.

[laurent.c]

Commentaire à mi-course des 23 photos : je me régale. Continue Tilu !

[tilu]

Merci à vous.

Je dois dire que c'est un sujet qui me touche. Je ne suis pas d'une famille de mineurs, pas du tout. Mais je suis né et j'ai grandi dans la capitales des mines au milieu du désastre de cette débâcle. Lorsque j'étais enfant mes camarades de classe se donnaient des adresses en numéros de fosse. Adresses que je ne pouvais pas comprendre puisque tout était fait pour arraser les mémoires. Il faut comprendre combien il y a eu de colère de déni puis de honte et d'abattement dans ce qu'il faut bien appeler à la fois un deuil et une défaite. Il faut avoir entendu une fois les Corons à Bollaert ce stade construit au milieu des fosses pour comprendre que même insconciente et refoulé cette mémoire là est une fierté qui cherche à s'exprimer à pleins poumons à la gueule de ceux qui ont épuisé et la terre et les hommes avant des les jeter comme on se débarrasse d'une mauvaise carte.

Pour parler de foot, mon père enfant monégasque me racontait que Monaco acceuillait le RCL à la fin des années 50, l'équipe lensoise rentrait sur le stade précédée d'un mineur avec sa lampe et que tous le stade l'acclamait.




13/23

9 de Oignies. La cloche d'ascenceur du 5 d'Ostricourt.

14/23

9 de Oignies. Cité-Jardin De Clercq à travers les verrières du puit 9.

15/23

9 de Oignies. Le ciel est par dessus la mine.

[tilu]

https://youtu.be/TaEKpw5ZcOU?si=oMbBwvBy9TElQUUG

[tilu]

16/23

9- 9bis de Oignies. Les bâtiments.

Nous partons maintenant à la fosse Saint Pierre Destombes...

[tilu]

Les cités jardins

Afin d'attirer la main d'oeuvre pléthorique nécessaire, le patronat minier entreprend de construire des habitats dédiés. Il construit aussi des écoles, des dispensaires et des églises. S'il y a là une indéniable fonction sociale très paternaliste, il s'agit aussi de tenir à disposition et sous surveillance la classe ouvrière. De plus ces gratifications en nature permettent de baisser les salaires et d'augmenter habilement l'exploitation tout en disposant d'un moyen de pression très efficace puisqu'avec l'emploi vient le logement de toute la famille.

Édifiée en 1894, la cité Saint Pierre porte le nom de la fosse 11 à laquelle elle est rattachée. Elle est dite cité des Provinces en raison des noms données à ses rues. C'est un coron complet de 300 logements avec groupe scolaire, écoles de production et église. Détruite par l'envahisseur allemand et les combats d'artois de 1914 à 1917 comme la majorité des 8000 logements de la compagnie des Mines de Lens pendant la première guerre mondiale, elle est reconstruite dans les années 1920 avec 15 types de logements différents et accueille jusqu'à 4000 personnes. Les types de logement sont associés à la position sociale dans la mine.

La reconstruction du bassin minier lensois est entamée dès 1917. C'est une oeuvre titanesque dirigée par l'ingénieur X-Mines Ernest Cuvelette. Elle verra le déblaiement de millions de mètres cubes de déblais, le pompage de quarante millions de mètres cubes ayant envahi les puits et les galeries. Elle verra aussi la construction de 12 000 logements.

La cité Saint Albert qui se trouve dans son prolongement est édifiée de 1921 à 1925 à Liévin par la Société des Mines de Lens. Elle est rattachée à la fosse 16 et comporte 600 logements.

17/23

11-19 de Lens. Avenue de la fosse 11. Devant l'école Pasteur.

18/23

11-19 de Lens. Rue du Saint Esprit-rue de la fosse.

19/23

11-19 de Lens. Rue du Flandres Dunkerque 1940. Vue sur le puits 11 et l'impressionnant puits 19.

Matériel utilisé: Zeiss Ikon Super Ikonta 532-16 (Tessar 80mm 2. FP4+ HC110.

[tilu]

20/23

11-19 de Lens. Place du Quercy.

21/23

11-19 de Lens. Cité Saint Albert, terrils 74 et 74A

22/23

11-19 de Lens. Cité Saint Albert, terrils 74

[vdragon76]

C'est une série particulièrement intéressante: je viens de la re-regarder. Aussi séduisante que les autres d'ailleurs.
Certaines images ont une fausse apparence de banalité (comme ces dernières) mais mises en résonance avec le reste, c'est absolument passionnant.
J'aime beaucoup ce travail!

V.

[Skogkatt59]

Un reportage très réussi et bien documenté tilu !

[tilu]

Merci V. et Skogatt pour vos retours. Il me font très plaisir car ils montrent que le sens de ma démarche est perçu.

Je n'ai pas cherché les "clichés" et les passages obligés sur la mine dans cette série. En particulier j'assume que la seconde partie de la série peut apparaitre comme moins percutante mais pour ma part je suis très satisfait de ces portraits de corons dont il faut rappeler qu'ils ne sont pas des musées à ciel ouvert ni des décors de cinéma mais des lieux de vie tourné vers le travail et toujours habités aujourd'hui (la cité des Provinces est même un lieu de vie agréable si ce n'est les problèmes sociaux, il en est de même de la Cité Saint Albert dont chacun peut observer la diversité subtiles des variations due à une archtecture travaillée).

Après des années à tourner autour du sujet j'ai réussi, du moins je le pense, à construire une démarche pudique et engagée qui reflète ma vision de d'un environnement et d'une histoire auxquels j'appartiens, tout en évitant de céder aux projections d'un imaginaire préconçu, romancé ou cinématographique et, il faut le dire, inexact.

[tilu]

Le choix de désindustrialisation sous l'égide de la désintégration dans l'UE: la CECA.

Les charbonnages du Nord de la France ont assis la puissance et la prospérité industrielle française. Pourtant, en dépit de sa contribution décisive au développement du pays, c'est toute la filière industrielle lourde française qui est sacrifiée lors de la ratification du traité CECA.

Celui-ci signe la fin programmée des charbonnages français et de tout l'écosystème industriel qui y est attaché. Elle ouvre en grand les portes au charbon subventionné américain et au lignite allemand. En guise de compensation, elle promet une transition vers des " aciéries sur mer " situées à Dunkerque (ou Fos sur mer) et l'industrie automobile. Alors que la Française de mécanique vient de fermer et qu'Arcelor Mittal est en passe de le faire, on peut constater que cette promesse était de fait une tromperie. D'autant que l'industrie automobile n'a jamais pris le relais de l'industrie lourde et du textile dans le Nord Pas de Calais. (Enormément de femmes de mineurs travaillaient dans l'industrie textile de Roubaix et Tourcoing).

La fermeture du 9-9 bis s'inscrit ainsi dans le contexte plus large de la disparition programmée des charbonnages français, processus accéléré par la création de la Communauté Européenne du Charbon et de l'Acier en 1951. Cette institution pionnière de la construction européenne instaure un marché commun du charbon qui a conduit à rendre l'outil industriel français non viable.

Si la CECA n'a pas directement ordonné les fermetures, elle a créé le cadre économique et politique qui les a rendues inévitables :


- Interdiction progressive des subventions nationales protectrices
- Libéralisation des échanges dans un marché européen unifié
- Mise en place de politiques communautaires de restructuration accompagnant socialement le déclin inéluctable.


23/23

11-19 de Lens. Terril 74 vue depuis Loos en Gohelle . Puits 19 Destombe. Puits 11 Saint Pierre.


A l'exeption de l'image d'introduction et de l'image de conclusion, ce reportage a été réalisé entièrement le 25 octobre 2025 sur les sites du 9-9 bis et du 11/19 avec du matéreil contemporain à l'exploitation minière.

Je le dédie à mes camarades du club photo sepia87 de Sallaumines près de Lens qui m'ont appris la pratique du noir et blanc dans une ambiance chaleureuse et laborieuse héritage de la solidarité minière. Les locaux du club se trouvaient au dessus d'une association de coulonneux (colombophiles).

Je remercie Jean-Marie Minot pour son accueil et ses explications détaillées, ainsi que l'ensemble des bénévoles de l'association ACCUSTO SECI (Association pour la conservation de la Custode et du Site et des Equipements Industriels).



Hommage à la Corporation. Parc des Grands Bureaux de la Compagnie des mines de Lens.
Zeiss Ikon ZM 50mm planar


Pour ceux qui veulent compléter voici deux autres séries que j'ai réalisées sur le sujet des Mines de Lens.
Louvre-Lens: est-ce 9?
Les Grands Bureaux

[Jean-Claude.B]

Merci Tilu. Cette série - et les informations qui l'accompagnent - mériterait amplement une publication imprimée.

[laurent.c]

D'accord avec Jean-Claude : c'est très bien construit et documenté ; les photos se répondent les unes les autres.
Bravo Tilu !