romu a écrit :LE probleme de la sublimation c'est la pérennité
et ça il s en foutent un peu

Hm... Qui s'en fout ? Les labos ou... Les clients ?
Je m'explique. Chaque fois qu'un client désirant des tirages va à la borne d'impression d'un hypermarché, il ne va pas au labo de son quartier. Il repart avec des photos réalisées en impression thermique, et non avec des tirages sur papier argentique. Il a fait un choix, guidé par des considérations économiques.
Tu objecteras : qu'est-ce que ce client sait de la différence de qualité entre sublimation thermique et tirage argentique ? Rien, probablement. Un 10x15 c'est un 10x15, une photo quoi, basta ! Entre un 10x15 à 8cts et un 10x15 à 45cts, le choix est vite fait !
Pourtant, lorsqu'il fait ses courses dans ce même hypermarché, le client a l'habitude de comparer. Pourquoi cette lessive est-elle plus cher que cette autre alors que la quantité de produit est la même ? Il regarde attentivement l'emballage, scrute la composition, le dosage, analyse les arguments techniques mis en avant par les fabricants. Une fois à la maison il peut se faire son idée : cette lessive plus chère mais elle lave mieux, elle ne provoque pas d'allergie, elle sent meilleur etc...
Le client est donc apte à juger par lui-même... Il devrait logiquement se demander pourquoi le prix varie du simple au quadruple entre un tirage sur borne d'impression et un tirage au labo.
Ces dernières années, pas mal de gens sont restés fidèles des labos, mais bien plus ont cédé à la tentation du discount sans se poser de questions. Les discounters ont gagné. Comment leur survivre sans devenir soi-même un discounter quand on est un labo ?
Peut-être en faisant le pari un peu dingue de la qualité, de la bonne foi et de la pédagogie. J'aime quand un client débarque en roulant des mécaniques et me demande pourquoi on ne fait pas de tirage à 8cts. Je peux lui donner des réponses, des arguments et espérer qu'il essayera le tirage argentique : peut-être même en parlera-t-il autour de lui à d'autres.
Je pense sincèrement que le problème vient d'un manque d'information du public. Il ne sait pas ce qu'il achète. Il confond impression et tirage, encouragé par ce qui est marqué sur les bornes d'impression : le mot "tirage" devrait faire l'objet d'une appellation contrôlée. Il vient au labo en demandant à faire "imprimer" ses photos et n'est pas corrigé, pourtant on aurait intérêt à le faire.
Mon ex-patron avait placardé dans son labo un panneau avec d'un côté les impressions réalisées au Leclerc, et de l'autre les tirages effectués par lui. Il avait signalé sur ce panneau les anomalies visibles sur les photos imprimées : problèmes de couleurs, de densité etc. Au fil des années les photos imprimées ont commencé à perdre leurs couleurs... Pouvait-il imaginer meilleure publicité que cette action "éducative" ?
Ce manque d'information entraîne un cercle vicieux. Persuadé que ce qui sort des bornes d'impressions et du labo de tirage est techniquement similaire, et déçu par ses photos imprimées, le consommateur craint d'aller dans le labo voire pire : il se méfie.
Le client se foutra de la pérennité de ses photos jusqu'à ce qu'il constate leur dégradation, ce qui peut prendre quelques temps. Ensuite il décidera de ne plus avoir de photos sur papiers ou se demandera s'il obtiendrait une meilleure qualité dans un vrai labo. Pendant des années on a boudé les fruits et légumes sans OGM car les autres étaient moins cher et mieux calibrés. Pas mal de cultivateurs y ont laissé des plumes. Aujourd'hui la tendance s'inverse. Un labo est aussi un commerce qui dépend des besoins du marché. Si le marché veut de la photo papier pas cher mais pourrie, les labos en feront. C'est simple comme 1+1=2.
Espérons que d'ici quelques années il y aura encore des labos pour faire du tirage argentique.
C'est "up to us", non ?